Retour en pente école

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Publication : lundi 14 avril 2014 03:23

Écrit par Dickert / Gregor / H. Spitalier

NDLR: Un grand MERCI à Hélène Spitalier pour la traduction de cet article !

NDLT: En ce début de saison, la commission sécurité du Comité National Delta (France) nous rappelle à quel point rester modeste, se remettre en question continuellement et retourner se former sont essentiels pour profiter très longtemps de vols extraordinaires.

Décoller et atterrir sont les phases les plus critiques du vol en deltaplane. Prendre de la vitesse quand on est si près du sol est un moment délicat. Tout pilote expérimenté doit disposer d'une technique solide et affûtée pour décoller, faire ses approches et poser.

Beaucoup considèrent que maîtriser l'atterrissage garantit la sécurité puisque atterrir est obligatoire, alors que décoller reste toujours une option.  Tout pilote reconnaît l'importance d'une bonne technique pour atterrir. 

Hélas, un des travers de la nature humaine et de confondre chance et compétence. Quand il s'agit de deltaplane, une série de réussites répétées peut conduire le plus discipliné d'entre nous à l'auto complaisance. Ces réussites répétées peuvent nous faire adopter certains comportements même s'il sont totalement inadéquats. Notre capacité à nous envoler alors même que notre technique de décollage est médiocre peut nous conduire à croire que ce que nous faisons est bien. Après une période sans accident nous allons naturellement considérer ces habitudes comme étant des pratiques correctes, jusqu'à ce qu'un accident nous contredise de la manière la plus désagréable qui soit.

La communauté de deltiste est petite et très unie. Nos pairs remarqueront sans nul doute nos faiblesses techniques aux décos mais la plupart vont choisir de se taire par réserve ou discrétion, et ne s'exprimeront qu'après la survenue d'un accident éventuel. Par contre les meilleurs d'entre eux se sentiront suffisamment concernés pour prendre le risque d'alerter et de donner les conseils valables et salvateurs avant que l'accident ne se produise. Ces derniers vont nous engager à retourner en pente école ou à refaire un stage formateur.

Aucun d'entre nous n'a envie d'entendre qu'il a un sérieux défaut à corriger ou une grosse insuffisance dans sa technique. Et leur raisonnement est défendable : « Hey,  je fais comme ça depuis des années et rien ne m'est jamais arrivé ;  je n'ai jamais raté un décollage au point de me faire vraiment mal. Mais je connais de bons pilotes et qui se sont blessés. Alors ma technique de décollage doit être meilleure que la leur » Et cela, même s'il nous arrive d'admettre dans notre for intérieur que nous avons un problème au déco et qu'il serait peut-être temps de retourner en pente école... Nous montons dans la voiture, jetons un œil à la pente école, mais notre voiture file vers les montagnes... Après tout, la météo est bonne pour du soaring aujourd'hui, et puis tous les potes seront là, la vie est trop courte, c’est pas le moment. En fait ce n'est jamais le moment de faire ce retour en pente école. Et si nous avons de la chance, le réveil inévitable et brutal se fera lors d'un décollage raté dont on se relèvera suffisamment tremblant pour réaliser que oui, assurément, on a des choses à corriger.

Nos ailes delta sont des aéronefs. C'est une forme d'aviation. Nous sommes des pilotes. Notre activité a une quarantaine d'années maintenant, elle est mûre. Les réponses à nos questions sont répertoriées, connues. La meilleure manière d'aborder le problème est de corriger sa technique en retournant apprendre auprès d'une personne expérimentée. Et pour ceux d'entre nous qui aiment décoller des collines, le meilleur endroit pour réapprendre à décoller est la pente école, pour s'entraîner à décoller dans des vents de forces et de direction variées avec moins de risques que sur un vrai déco. C'est là qu'il est possible de répéter, de multiplier les essais avec du rythme, élément clef pour progresser dans toute forme d'entrainement aéronautique. C'est là que amis, observateurs et instructeurs seront à même d'enseigner et de donner de bons conseils. C'est l'endroit idéal pour que les pilotes retrouvent rapidement et efficacement leur gestuelle, améliorent leur technique, et retrouvent la confiance qui est nécessaire pour décoller en montagne en sécurité à tous les coups. 

Comme Wilburd Wright le disait sagement il y a déjà fort longtemps, « Le secret du vol réside dans l'entrainement ».

Bacil Dickert & Joe Gregor - USHPA Safety-Annual 2009
Traduction en français: Hélène Spitalier

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Article publié et traduit avec l'autorisation des auteurs.