Le jour le plus long
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- Publication : mercredi 18 juin 2008 21:01
- Écrit par Pierre qui vole
Les beaux jours de vol sont là depuis quelques semaines, et déjà de magnifiques vols en ce début de saison. Aujourd’hui c’est le 21 juin et comme chaque année, je trouve cette date bien étrange… les jours commencent à diminuer alors que nous commençons à goûter à la bonne saison !
C’est pour fêter le jour le plus long que j’ai lancé l’idée d’un vol juste avant le coucher de soleil du 21 juin. Quelques coups de fil aux deltistes du coin et nous voici une dizaine à voler à Veysonnaz, site dynamique du soir en-dessus de l’aéroport de Sion. Celui-ci est peu fréquenté car les atterrissages en plaine sont interdits par l’aéroport. Pour l’occasion, je fais une demande à l’aéroport pour poser dans un champ près de la piste, demande accordée sans problème.
Le 1er vol du 21 juin se termine à 21h30 après un vol magnifique à jouer entre thermiques et dynamiques, entre soleil couchant et lune montante, entre barbules et ciel. Dès notre retour sur terre, le vol du 21 juin de l’année suivante est déjà programmé, ensuite nous terminons notre soirée par une baignade et une grillade.
L’idée fait son chemin et au fil des années nous nous retrouvons de plus en plus nombreux. La place d’atterrissage devient très vite trop petite. C’est pourquoi je contacte le groupe de vol à voile de Sion pour prévoir notre atterrissage sur leur piste. Pour l’occasion je propose une soirée grillade après le vol… histoire de mélanger les disciplines et de faire connaissance. Deux contacts, un avec le vol à voile et un autre avec la tour et… le tour est joué ! A notre 5ème rendez-vous du 21 juin, nous sommes une quinzaine de deltistes, autant de parapentistes et les pilotes de planeurs. Le groupe de vol à voile de Sion nous reçoit et nous accueille chaleureusement sur leur terrain… merci. L’ambiance de ces journées sont mémorables, tant par les vol que par les soirées qui suivent !
Le 21 juin 2002, les conditions de vol sont prometteuses. Beaucoup de vent en altitude, mais de bonnes conditions thermiques sont au rendez-vous. Pendant le montage de nos ailes, quelques parapentistes en vol nous donnent l’envie d’accélérer notre préparation pour goûter au superbe dynamique qui nous attend. Certains pilotes de planeurs nous présentent, au décollage, un superbe show avec des passages à haute vitesse spectaculaires. Il est maintenant 19h30. Les décollages se déroulent dans des conditions de rêve. 20 Km/h de vent de face, une pente douce. C’est dans ces conditions que l’on apprécie le plus la magie d’un décollage en delta. L’aile se soulève déjà aux premiers pas, elle nous porte de plus en plus, pas après pas, on quitte la pesenteur terrestre pour rejoindre la 3ème dimension. On joue avec la vitesse pour ne pas quitter le sol tout de suite et goûter encore au plaisir des derniers pas… légers et magiques.
Le dynamique est bien là, le vario est au beau fixe à 2-3 m/s. La montée de 1500 m à 3000 est facile. Arrivé au sommet des arêtes, on sent davantage le vent météo et il faut jouer avec des thermiques couchés par le vent pour grimper jusqu’à 3500 m. Le spectacle est grandiose, le soleil est déjà bas à l’horizon, les couleurs virent au soleil couchant. Un coup d’œil sur mon nouveau vario-gps « tout en un » qui indique une foule de renseignements : vitesse du vent : 45 km/h. Ca fait plus que je l’imaginais ! Direction du vent : nord-ouest. Nord-ouest !? L’arête que je survole est exactement perpendiculaire au vent ! Tiens, et si j’essayais de quitter un peu le relief au lieu de me faire brasser dans ces thermiques couchés par le vent.
Je m’éloigne donc du relief et soudain une sensation jamais vécue mais pourtant si souvent imaginée m’envahit. Un frisson parcourt mon corps. Magie d’un instant que l’on sait unique. L’aile arrête soudain de bouger et glisse sans un frémissement dans une atmosphère lisse et calme ; le vario chante régulièrement… je rentre dans une onde ! Magnifique sensations de vol…calme, pure, sereine…
J’avance encore à 15km/h par rapport au sol ; je tire les flaps pour stabiliser à 0km/h-sol. Le vario chante à 3m/s… je coupe le son pour goûter jusqu’au bout à la magie du vol d’onde… Je déploie mes ailes et me laisse porter par la vague… 4’200m, le moment est sublime…le soleil brûle l’horizon, ses derniers rayons carressent le sol et ricochent sur le lac Léman… il est 9h45, c’est le coucher de soleil le plus tardif que j’ai pu admirer !
La plaine est déjà noyée par le crépuscule. Je sors de l’onde pour entamer une longue descente. Arrivé sur Nendaz, je joue avec le relief jusqu’en plaine. Le moment de rejoindre la terre est venu. Concentration…les atterros de nuit sont particuliers et pas évidents. Il y a encore du vent en plaine, flaps à 1/3 ; j’entame ma volte, le terrain est petit, en final, mon aile prend de la vitesse. Le gradient du vent est très fort. Pas de vent au sol, j’efface la moitié du terrain et ma vitesse est encore élevée. Si je continue ainsi, la suite est évidente ; je finis dans le treillis du tennis. Plus 1 mètre à perdre, je tire les flaps à fond, me relève, j’attends le dernier moment pour réduire encore ma vitesse et fais une poussée énergique à 3 mètres du treillis. Après le rangement du matériel à la lampe de poche, on se fait une petite baignade et grillade pour terminer la soirée en beauté.
Merci à la vie, au vent, au soleil, merci à Yvan Forclaz qui m’a appris à voler il y a déjà 15 ans, qui m’a transmis sa passion que je transmets à mon tour depuis 10 ans. Merci à Cathy, ma femme, qui a eu la patience de taper et corriger mon texte malgré mon écriture de médecin et merci surtout d’avoir construit une vie de famille avec 4 enfants et un mari passionné… pas uniquement de delta ;-)
Au 21 juin prochain !
www.wikidelta.com, le magazine en ligne du deltaplane