MENTAL - Vous avez dit « Mana » ?
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- Publication : jeudi 24 janvier 2013 13:36
- Écrit par S. Dhonneur et PP Ménégoz
NDLR: Ecrit pour le cross en parapente, cet article s'applique totalement à notre discipline qu'est le deltaplane.
C’est en parcourant un forum que Pierre-Paul Ménégoz tombe sur un écrit fouillé et avisé sur le cross. C’est Sylvain Dhonneur, pilote de compétition, qui le signe. L’originalité des propos avaient besoin d’être complétée et aussi enrichi d’une touche pédagogique. Pierre-Paul s’en est chargé. Régalez vous et voyez s’il n’y a pas quelque chose à apprendre… pour vous !
Vous avez dit « Mana » ?
Au départ d’un cross on part tous avec une fiole de "Mana" différente et neuve chaque jour. Le Mana c’est ce mélange d’énergie physique, d’énergie mentale, de volonté, d’envie de réaliser un gros vol. C’est aussi la confiance en soi, dans ses décisions ainsi que la capacité à gérer ses peurs et son stress. Bref tous les facteurs de la réussite. Au fur et a mesure du vol (et de la saison) on grille cette Mana en échange de nos kilomètres. Etre un (bon) crosseur, c’est arriver le 15 avril avec la fiole la plus grosse possible puis trouver le juste milieu entre kilomètres parcourus et Mana dépensée pour éviter de se retrouver la fiole vide le 2 avril, a 14h30, posé au pied du site « point de départ de son cross » avec la voiture au déco… Dans le cross idéal, vous l’aurez compris, la fiole n’est vide qu’au moment ou l’on touche le sol à côté de la voiture, au but fixé. Après une bonne nuit de sommeil la Mana sera rechargée pour le cross suivant. « Voler utile » c’est voler avec… sagesse
a) On commence par le plus simple et le plus évident : voler
Le plus possible. Faut-il encore le dire ? Bien qu’inégaux face au temps disponible personne ne doit oublier que le nombre d’heures de pratique est déterminant de la performance bien plus que de se dire qu’on va pousser le barreau de 2km/h supplémentaire. Après une période de vol intense, comme par exemple en avril, à force d’entraînement, on atteint un stade ou on se sent quasi infaillible (analyse aérologique et sens tactique du terme). Ce sentiment n’est pas dupe. Il s’accompagne d’humilité et de prudence ceci d’autant plus qu’on en arrive à voler fatigué lorsque l’anticyclone s’installe et que les jours de vol s’enchaînent. Ainsi, rien d’anormal à ressentir que rien ne peux nous empêcher d’atteindre notre prochain point de contournement même si ce dernier se trouve a 80km de là. On prend une décision, sans hésiter, et ca marche… à tous les coups. Alors que 2 semaines avant on se trompait 1 fois sur 2. Ce sont vraiment des périodes de vols complètement démentes du point de vue de la « mana ». On en use beaucoup chaque jour, mais avant chaque nouveau vol on en dispose d’un quota, chaque jour, plus raffiné, nourri de confiance.
b) Avoir confiance en son matériel
Il faut encore rabâcher l’évidente nécessité d’une bonne adéquation du couple aile pilote. Tant de pilotes volent sous des ailes trop pointues pour leur niveau ou inadaptées à leur volume d’entraînement. On peut aussi insister sur l’utilité des SIV. La fameuse question "pensez-vous que j’ai le niveau pour voler sous telle voile ?" doit faire l’objet d’une intime et personnelle introspection. Passé le niveau du Brevet de Pilote de base, la réponse à cette question est en vous, ne comptez plus sur les autres pour vous la donner. Le nombre de "fermetures" rapportées par les pilotes lors de leur vol est révélateur de carence de pilotage (…ou, pour une petite part, d’un PTV insuffisant). Beaucoup de pilotes l’oublient ou pire… l’occultent. Bien que cela puisse arriver, notons que chaque fermeture (NDLR: parapente), même bénigne, est un signal d’alerte et un vrai videur de mana donc très mauvais pour la performance! A la question « vaut il mieux un gun où l’on est a 75% de ses moyens ou une aile, un peu moins perfo, où l’on est a 100% ? » Servir la sécurité, c’est répondre sans aucun doute par le 100%. Mais reconnaissons que si nous savons mesurer notre degré d’engagement face aux conditions aérologiques rencontrées, nous saurons bénéficier d’une aile plus pointue. Nos moyens, jugés au quota de 75%, seront confortés par notre adaptation aux conditions aérologiques. Savoir en tirer parti nous offre alors de voler serein. Toutefois, cela coûtera de renoncer au cross certains jours…
c) Aérologie et pilotage : acquérir une confiance en soi
Pas de confiance possible sans que l’esprit ne comprenne l’aérologie dans laquelle nous naviguons. L’aérologie monte en puissance graduellement entre janvier et avril : faisons autant avec notre pratique. Evitons surtout de toucher le premier thermique de l’année un 15 avril sur une face est à 11h30 ! Le risque ? Si dès le début de notre cross, on a le sentiment d’être complètement dépassé par les éléments, notre fiole de Mana risque de se vider instantanément (et pour un sacre bout de temps). Un tel sentiment laisse de puissantes traces dans l’esprit du pilote. Inutile de dire que si le pilote persiste et que ça se termine en sketch, sans même parler de se faire mal, les conséquences sont redoutables. Le système de recharge de la Mana, traumatisé, peut exiger des années de rééducation avant de remarcher ! Ainsi, en tout début de saison on évitera le cross les jours de vent "fort". Subir l’aérologie est contre productif alors même que l’on prend ses repères. Le vent augmente l’engagement et complexifie le cross. Tôt dans la saison, voyons les turbulences qui sont associées au vent comme base d’entraînement sur site connu mais évitons alors de sortir du bocal. La « mana », on la gagne en s’entraînant... La « mana » ? on kif ! Bons vols !
Sylvain Dhonneur en association avec Pierre-Paul Ménégoz
Ce texte est tiré du site de Pierre-Paul Ménégoz avec son autorisation. Découvrez d'autres articles concernant le vol libre ou le parapente sur son site, ainsi que son ABCDair. Pierre-Paul Ménégoz est entre autres l'auteur du "Manuel du vol libre". Merci à lui de partager cet article avec la communauté deltiste de Wikidelta!