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EN VOL - Thermiques sous le vent


Photo: Pierre qui vole
 
Souvent, c'est sous le vent que l'on trouve les ascendances les plus puissantes. Et c'est sous le vent que se forment, tout aussi souvent, de dangereux rotors et fortes turbulences...

J'ai déniché une superpompe sous le vent ! Le pilote qui vous raconte cela est soit un risque-tout, soit un crack capable de maîtriser son engin dans les conditions les plus hostiles. Voler sous le vent est souvent synonyme de turbulences, dégueulantes et autres dangereux rotors, donc de risque extrême de se crasher. Et si c'était une idée fausse ? Un pilote ne devrait-il pas justement être capable d'évaluer quand il est dangereux de s'aventurer sous le vent et quand on peut trouver les meilleurs thermiques sur l'autre versant ? Il arrive qu'on ne remarque pas que l'on vole sous le vent. Parfois, le versant opposé est même l'endroit le plus sûr pour voler.

Chaque thermique naît sous le vent
Le thermique naît lorsque l'air au niveau du sol se réchauffe. Se forme alors une couche d'air chaud de plus en plus épaisse à mesure que le réchauffement se poursuit. A un moment et un endroit donnés, cette masse d'air chaud se détache du sol, soulève la couche d'air plus froid située au-dessus et monte dans l'atmosphère sous forme de bulle thermique. Le vent et les turbulences engendrées par le frottement freinent cependant la formation d'une épaisse couche d'air chaud. Les turbulences brassent l'air réchauffé à faible altitude déjà. Une couche d'air chaud suffisante ne peut se former qu'aux endroits abrités. Sous le vent d'un obstacle, par exemple derrière un bâtiment ou une colline, l'air reste calme et peut se réchauffer continément jusqu'à ce qu'une perturbation le décolle du sol. Le vent soufflant au-dessus entraîne ensuite le thermique. Le processus est identique qu'il se produise à une petite ou vaste échelle. C'est ainsi que l'on trouve des ascendances thermiques sous le vent de simples maisons ou modestes collines. Même à l'arrière de tels flux ascendants, il y a une zone sous le vent où peuvent se former certes de nouvelles ascendances, mais également des rotors. Pour le pilote de thermiques, le lee est donc à la fois un ami et un ennemi.


Thermique naissant sous le vent

La taille est déterminante
Il paraît donc judicieux, bien que ce ne soit pas toujours possible, de chercher un thermique au-dessus d'un endroit sous le vent, c.-à-d. au-dessus d'un obstacle. Il faut à présent se poser la question inévitable: quand peut-on voler sous le vent en sécurité et quand est-ce trop risqué ? La première et la plus importante règle est: en cas de doute, jamais! Mais disant cela, on n'a pas répondu à la question. Divers facteurs influent sur les conditions sous le vent. La taille de l'obstacle est un facteur déterminant. Plus la colline ou la montagne est grande, plus elle offre une meilleure protection. Dans le Jura, par exemple, on ne peut pratiquement jamais voler sous le vent. A Ténériffe, par contre, on vole presque exclusivement sous le vent du Pico del Teide, notamment à Taucho. Même lorsque le vent dominant dépasse 50 km/h, on peut voler dans le lee. Evidemment, il faut alors s'attendre à des thermiques et courants puissants dès que l'on quitte la zone protégée. Dans les vallées alpines aussi, il est possible de voler en maints endroits à l'abri des vents forts.


Thermique sous le vent

La force du vent
Bien sûr, plus le vent est faible et moins il est dangereux de voler sous le vent. La force du vent est donc un autre critère déterminant. Si le vent ne dépasse pas 5 km/h, voler dans le lee ne devait pas poser de problèmes. Mais dès qu'il atteint 20 km/h, le lee devient extrêmement dangereux et l'on prend de grands risques.

Réchauffement dû à l'ensoleillement
Un fort ensoleillement du côté sous le vent simplifie sensiblement les choses. En effet, même lorsque l'air sous le vent est turbulent, le soleil le réchauffe et cet air chaud s'élève, du moins par principe. Au Niederhorn, on peut, en dépit d'un léger vent du nord, voler sur le versant sud en direction d'Interlaken. Idem à Ténériffe, où le déco de Taucho est orienté sud-ouest, face au soleil de midi. D'autres sites abrités, Monaco par exemple, bénéficient de conditions thermiques analogues.

Stabilité de l'air et configuration du relief
La stabilité de l'air et la forme du relief sont d'autres facteurs importants. Plus l'air est instable, plus il a tendance à s'écouler par-dessus une colline. Face à une montagne conique, il est plus facile pour l'air, énergétiquement parlant, de la contourner. Par contre si la montagne présente au vent une face de plusieurs kilomètres de long, le courant est contraint de la franchir. L'une et l'autre alternative, par-dessus ou de part et d'autre, ont une influence caractéristique sur les conditions sous le vent du relief.

Si l'air n'a pas d'autre choix que de "forcer" la montagne, la stabilité de la couche et la force de l'ensoleillement sur le versant sous le vent déterminent ces conditions. Lorsque la couche est stable, l'air s'affaisse dès qu'il passe de l'autre côté. Les rotors du lee se mélangent avec les bulles thermiques, formant une masse extrêmement turbulente. Si la couche est instable, l'air ne s'affaisse pas immêdiatement, mais continue à s'élever encore un peu, en particulier si le flux se décolle au passage d'une arête marquée. Dans la zone protégée sous le vent peuvent se former des ascendances thermiques puissantes, qui repoussent le flux jusqu'à la hauteur de la crête et sont ainsi de plus en plus déplacées au-delà du lee.

Affrontant une montagne de forme conique, l'air a tendance à s'écouler autour de celle-ci. Côté au vent, le courant se divise, formant une zone de divergences. Sous le vent, les divers flux se rejoignent, formant une zone de convergences qui favorise la formation d'ascendances, notamment lorsque l'air est actif thermiquement parlant. En l'absence d'activité thermique, il faut s'attendre à des descendances aussi puissantes que les ascendances.

C'est à la périphérie du lee que l'on rencontre habituellement les plus fortes turbulences. Quand on est en plein dedans, on ne court souvent aucun risque. Les turbulences les plus puissantes se manifestant à la zone limite, par exemple juste derrière la crête dans un thermique, celui qui veut s'aventurer sous le vent devrait voler au centre du lee, dans la zone protégée. Il est plus dangereux de ne faire que l'effleurer et évoluer dans la zone limite.

En résumé
Avant tout vol sous le vent, il convient d'examiner les facteurs suivants:

  • Force du vent
  • Taille de l'obstacle, de la montagne
  • Stabilité de l'air
  • Ensoleillement côté sous le vent
  • Forme de la montagne

Impossible de donner des règles claires et précises en vue de prendre sa décision. Il appartient à chacun de décider, en fonction de son expérience et de ses capacités, s'il peut tenter un vol sous le vent et saura maîtriser les turbulences qu'il risque de rencontrer.
Voler sous le vol devrait rester réservé aux pilotes chevronnés. Lorsque les conditions sont clairement identifiables, on peut tenter un vol sous la conduite d'un collègue très expérimenté. Mais n'oubliez pas: en cas de doute, jamais!

Martin Gassner


Merci à M. Gassner, la FSVL et au magazine SWISS GLIDER pour l'apport de cet article ! Tous droits réservés - www.wikidelta.com

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